Autisme féminin

S’il est un sujet dont on ne parle pas souvent dans le cadre de l’autisme, c’est bien celui-ci. Et pour cause, l’autisme a longtemps été mal compris et considéré comme uniquement masculin. Heureusement, on a fait du chemin ces dernières années et l’autisme est devenu un trouble à part entière dont on parle de plus en plus. Certains crient à l’effet de mode, je pense à l’inverse qu’on identifie et communique mieux sur les TSA. On ne surdiagnostique pas, on a davantage d’outils pour cibler l’autisme là où avant on attribuait ça à de l’hystérie, de la schizophrénie, etc.

Néanmoins, il faut savoir que l’autisme féminin, même s’il est semblable en de nombreux points à l’autisme masculin, a également des spécificités propres. Elles sont d’ailleurs souvent ignorées lors des tests, ce qui pose de réels soucis d’identification.

Les femmes ont une sensibilité au monde animal et végétal plus développée, un plus grand attrait pour la communication/l’envie de nouer des relations amicales et ont également des capacités de mimétisme et de camouflage plus importantes que leurs homologues masculins, ce qui les rend particulièrement difficiles à repérer.

On se retrouve alors avec des femmes qui ont passé la trentaine, vivent une réelle errance diagnostique, naviguant de pathologie en pathologie : borderline, bipolaire, dépressive, etc. Certaines d’entre elles se voient même refuser les tests autistiques car décrites comme « parlant trop bien« , « trop intelligentes » ou « trop sensibles » pour être autistes.

Beaucoup de femmes en souffrance me contactent, se reconnaissant dans mes vidéos et se sentant pour la première fois comprises et donc moins seules. Car c’est un long périple qui attend la femme autiste, celui des a priori, du refus de prendre au sérieux ses ressentis, d’exclusion sociale et même parfois professionnelle.

C’est quelque chose d’encore trop fréquent. Il aura fallu attendre pas moins de 20 ans pour élargir le spectre autistique et considérer l’autisme léger comme une réelle forme d’autisme. Il faudra probablement encore quelques années pour approfondir les recherches du côté de l’autisme féminin et envisager un diagnostic propre.

Si la France et la Belgique sont à la traîne sur le sujet, la Suisse cerne bien mieux le sujet. L’Université de Genève propose d’ailleurs des cours spécialement dédiés au TSA, que j’ai suivis, et qui apportent un regard neuf sur l’autisme, moins rigide et en constante évolution.

C’est évidemment une thématique qui me tient tout particulièrement à cœur et dans laquelle j’ai choisi de m’investir. Je souhaite contribuer à faire connaître l’autisme féminin, à étudier ses particularités, à améliorer les procédures de dépistage et de diagnostic.